J'ai adhéré au PS à 20 ans en 1988. Le premier congrès auquel j'ai assisté fut le fameux congrès de Rennes. 20 ans après, je je vais rejoindre la ville au mille
sourires pour une nouvelle tragi-comédie dont le PS garde le secret. Que de similitudes entre les 2 congrès. En 1990, il fallait gérer la captation de l'héritage de François Mitterrand entre ses
2 fils politiques, Laurent Fabius et Lionel Jospin. Là il n'y a plus d'héritage mais toujours une question lancinante de leadership. Cette question, Bertrand Delanoë l'a posé dans ce congrès sans
être compris par les militants. Nul ne peut prédire comment nous sortirons de ce congrès et qui sera le ou la "leader" adoubé par les militants lors du 2e round du 20 novembre. La même
incertitude que la veille du congrès de Rennes. Il ne manque que la passion, la haine, les sifflets mais pour le reste, ce congrès va se jouer dans les AG de motions qui promettent d'être riches
en rebondissements les plus divers.
J'avoue une perplexité à peu près totale quant à la règle du jeu. Je ne vois aucune bonne solution. Une chose est sûre pour moi, le PS ne peut pas s'autoriser une
sortie de ce congrès par un front anti. Ni anti Ségolène, ni anti Delanoë, ni anti Hamon. Le tout sauf Fabius né à Rennes a perduré pendant 20 ans. Nous ne construirons rien sur un nouveau et
durable Tout sauf Ségolène. J'ai voté pour Bertrand Delanoë car je crois sincèrement qu'il était le mieux positionné pour entrer dans ce congrès en pivot et en sortir en leader. A ce stade, il
est peu probable de voir Bertrand Delanoë poser sa candidature pour le 20 novembre. Je ne vois donc pas comment les motions A, C et D pourraient se lancer dans un nouveau jeu de rubiks cube pour
barrer la route à celle qui a encore la confiance d'une majorité, relative certes, des adhérents.
La vérité, telle que la perçoive tous les adhérents qui ont pris la peine de lire les motions en étant détachés des enjeux de pouvoir, c'est que les Motions A, B, D
et E sont sur le même registre réformiste. S'il doit y avoir "synthèse" politique c'est bien la seule qui aurait un sens au delà des amitiés. D'ailleurs Jean-Luc Mélenchon est parti en expliquant
que la gauche du parti était en échec puisque la Motion Hamon réunissait toutes les gauches du PS et obtient donc 25% de moins que le total des Motions NPS et Fabius/Mélenchon du congrès du
Mans.
Je partage son point de vue mais je le retourne : la Motion Hollande du congrès du Mans est passée de 53% des voix à 81% des voix. C'est à peu près la plus belle
nouvelle du vote des militants, le 6 novembre dernier.
A 48h de mon départ à Reims, j'espère que lundi matin je pourrais discuter avec mes collègues, mes amis, mes collaborateurs, mes camarades de JBC sans avoir le même
sentiment de honte et de dégout qu'il y a 20 ans un certain lundi de mars 1990. Puissent les acteurs être à la hauteur de la pièce.