Intervention au Conseil de Paris du 11 juin
Groupe démocrates et progressistes
Débat sur la Mission d'information et d'évaluation (MIE) sur l'avenir du Bd Périphérique
Madame la Maire,
Mes chers collègues,
Cette mission à laquelle j'ai eu le bonheur de participer a travaillé pendant 6 mois. Elle a pris un angle d’attaque assez intéressant, celui qui consiste à se projeter dans plusieurs séquences entre ce que nous devons faire dès maintenant et ce qui se fera dans les prochaines décennies. Pour autant, se projeter à des horizons lointains en terme de mobilité reste pour le moins un peu hasardeux. Certains prévoyaient l’avènement du véhicule électrique beaucoup plus rapide que cela. Qui il y a seulement 5 ans aurait imaginé l’invasion de la trottinette en ville ? Mais sans doute qu’un jour nos véhicules individuels seront plus propres et moins polluants.
En se projetant, ce rapport a des préconisations très intéressantes, comme celle de la voie réservée aux véhicules propres et autonomes ou de l’égalisation du nombre de voies. Mais le principal impensé de ce rapport reste une fois encore notre rapport au reste de la métropole. Notre groupe a proposé que cet équipement puisse être géré et piloté par la métropole du grand Paris et qu’il prenne d’ailleurs le nom de Bd Métropolitain, car ce nom de Bd périphérique renvoie à l’idée qu’il y aurait un centre, qui serait Paris et une périphérie, la banlieue. Cette vision doit être dépassée ! Les maires des communes voisines que nous avons reçu sont très intéressés par les évolutions futures de notre frontière commune. Et d’ailleurs ils avaient proposé que le nom des portes puisse intégrer le nom de leurs communes quand ce n’est pas le cas.
Nous avons eu l’occasion de vérifier au long de ce travail que ce Bd était emprunté à 90% par des usagers venant de ce grand espace qui concerne près de 10 millions d’habitants.
Et là nous faisons une fois encore comme si nous devions fixer tout seul de nouvelles règles du jeu pour un lieu qui au fond concerne d’abord les autres. Ces autres qui viennent en voiture, faute bien souvent d’autres alternatives. Alors oui au point de départ il est pour le moins curieux de vouloir fixer plein de nouvelles règles du jeu à partir de notre enceinte d’élus parisiens pour changer la vie de millions de citoyens qui ne nous ont pas élu. Et ce rapport contient d’ailleurs des préconisations pour les autres axes qui ne sont même pas dans Paris. Nous avons cette fâcheuse habitude d'expliquer aux autres collectivités locales, communes ou région ou à l'Etat ce qu'ils doivent faire. Nous avons une responsabilité énorme, celle qui consiste à arrêter de braquer les habitants de la première ou deuxième couronne car la construction d’un espace métropolitain indispensable passe déjà par un rapport différent et non condescendant avec les habitants qui ne vivent pas à Paris.
La question de la vitesse par exemple a un aspect de communication qui peut être vécu par les usagers comme une petite provocation. Car si une part très importante dans la journée, l’abaissement à 50km/h n’aura aucun impact tant la vitesse réelle est de facto inférieure, les moments de moindre affluence une telle mesure sera d’abord difficile à comprendre sur un axe qui reste un axe autoroutier. Et nous devons être plus circonspects sur le plan scientifique car il n’est pas si évident que le fonctionnement des actuels moteurs thermiques permette pour le coup de réelle baisse des émissions polluantes en bloquant le compteur à 50km/h.
Pour ce qui concerne la responsabilité de la Ville de Paris, nous devons vraiment repenser les portes mais aussi tous les espaces situées sous le Bd Périphérique qui ne doivent pas être monopolisés par les lieux techniques ou de stockage car ils peuvent aussi devenir des lieux de création artistique, des lieux pour la fête ou des lieux pour fabriquer à Paris.
Enfin, nous nous réjouissons de l’abandon de l’idée de Bd Urbain car mettre des feux sur un axe qui est à 90% soit enterré soit en hauteur n’avait aucun sens et cela signifierait la remise à niveau de l'ensemble du périphérique et nous pensons que nous avons d'autres investissements à faire sur un tel lieu. Nous nous abstiendrons sur ce rapport comme nous l'avons fait dans la MIE.